Bonjour Patricia,
Vendredi soir, en marchant, je me disais qu'il était temps de te donner des nouvelles. A ce
moment précis, un petit son émis par mon téléphone me signifie que j'ai reçu un mail. Je
regarde : Patricia Nicolas. Comme je sais désormais que les coïncidences n'en sont pas
vraiment, je me dis "c'est le moment" et commence à écrire ce mail, que je finirais 2 jours
plus tard.
Alors voilà, tout cela étant dit, par où commencer? Par le commencement peut-être. Cela
risque d'être un peu long je préfère te prévenir! Et désolé d'avance si parfois je m'égare un
peu...
Tout cela est déjà loin, alors pour resituer, tu te rappelles peut-être que j'avais, avec ma
moitié, décidé de tout quitter, une "bonne situation" comme il est coutume de dire, pour partir voyager 6 mois, 1 an, ou plus en Asie. Je partais dans l'optique d'apprendre à prendre le temps, de me reconnecter avec les gens, avec moi-même, avec la terre, d'y trouver un "but", peut-être. Le stage de gestion de la colère, les enseignements de Don Miguel et l'idée de synchronicité de James Redfield m'avaient donné beaucoup de clés et m'avaient permis d'avancer. Mais j'avais besoin de mettre tout cela en pratique, de mettre tout cela à l 'épreuve.
Ces derniers 18 mois ont été riches, riches de vie, de joies, de peines, de questions, de doutes, de rencontres, de réponses. Mais quelles réponses ?
Nous partons donc le 13 septembre 2012 pour Kuala Lumpur, puis Bali. Passé l'excitation de
la nouveauté, les quelques jours à buller dans un endroit qui paraîtrait paradisiaque à
n'importe qui, rien ne se passe vraiment comme prévu. Je ne vais pas rentrer dans de longues descriptions, mais ça n'a pas pris. Nous ne sommes pas réellement emballés par quoi que ce soit, les lieux, les gens, tout n'est qu'une succession de déceptions et de mauvaises expériences. Plus l'on essaye, pire c'est. On se dit que c'est le temps de s'adapter et que peut-être il nous faut revoir certaines de nos croyances et adapter notre façon de penser. Rien n'y fait. Rien ne correspond à ce que l'on attendait, on se sent même souvent mal à l'aise.
Certaines choses nous révoltent et les relations humaines sont biaisées. Personnellement, j'y ai trouvé tout l'inverse de ce que j'étais venu chercher.
Nous décidons donc de quitter prématurément l'Indonésie après 3 semaines, pour découvrir un
autre pays. Mais, comme nous avions prévu de rester normalement 1 mois de plus avant de
changer de pays, il est trop tôt dans la saison. Informations recueillies : risques de typhons au Vietnam et au Myanmar, inondations en Thaïlande, etc... Et puis on réalise que l'on retrouvera
partout ailleurs toutes ces choses qui nous déplaisent et nous dérangent tant.
C'était dur moralement, tout notre projet qui s'étiolait peu à peu, une culture et une façon de voyager "au jour le jour" qui ne nous correspondaient finalement pas vraiment. Et un
sentiment qui grandissait de plus en plus, un sentiment d'insécurité dû au fait de ne plus avoir de maison...
Alors voilà, qu'est ce qu'on fait? On s'obstine dans quelque chose qui ne nous plait pas, pour ne pas avoir à affronter le retour prématuré, ne pas avoir à mettre ce projet qui nous tenait tant à cœur à poubelle, ne pas se dire qu'on a "échoué"? Ou alors on se dit que finalement ce n'est peut-être pas un échec, bien au contraire?
On a choisi la deuxième solution, pris un vol retour, dans l'idée de repartir, ailleurs et
autrement.
Je pourrais te décrire en long en large et en travers tout ce qui m'a déplu et même parfois
dégoûté, mais cela ne serait qu'une longue litanie inutile. Cela fait plus d'un an maintenant, j'ai repassé cela dans ma tête des centaines de fois et je me dis que, comme d'habitude, je m'étais fait une idée toute faite de ce que devait être et ce que serait notre voyage, planifié, réfléchi, programmé. Et puis je m'étais auto-persuadé que cela me correspondait, un voyage à la routard, dans un pays chaud avec une culture "bruyante" et mouvementée, moi dont le pays préféré est l'Islande, ses paysages désertiques froids et ses 300000 habitants discrets, moi qui aime voyager en 4x4 et planter ma tente loin de tout autre être humain.
Au moins je me dis que j'ai essayé, que je me suis confronté à ce que je n'aime pas et que j'en ai tiré des enseignements.
Retour donc chez maman, dur dur, allégés d'une partie de notre budget, au mois d'octobre,
mauvais temps, pas envie de voir qui que ce soit, pour éviter les questions. On se donne un
mois pour repartir. Pour moi qui prépare mes voyages pendant 1 an, c'est un défi
psychologique! Un choix unanime : la Nouvelle-Zélande, ses paysages grandioses, ses fjords, ses forêts tropicales et ses volcans, sa culture anglo-saxonne. Projet : obtenir une visa vacance travail, acheter un van pour voyager et vivre dedans comme cela se fait beaucoup là-bas,voyager, randonner, faire de la photo et travailler bénévolement dans des fermes et chez des particuliers.
Billets d'avion achetés, visa obtenu rapidement, les vêtements chauds remplacés
par des vêtements froids de le sac, en nous voilà repartis le 06 novembre.
Arrivée en Nouvelle-Zélande, le rêve : un climat parfait, des paysages magnifiques, des gens
chaleureux, ouverts, adorables. Tout est facile, en 2 semaines on a un compte en banque et un identifiant délivré par l'administration pour pouvoir travailler. Et surtout, on trouve notre van de rêve, un gros 4x4 aménagé, acheté à un adorable couple de voyageurs, toutes factures disponibles et tout en règle.
C'est parti pour l'aventure, au programme pour commencer : 1
mois de voyage à travers les paysages magnifiques du sud du pays avant d'effectuer notre
premier volontariat 1 semaine chez un couple de retraités viticulteurs.
Mais, à peine partis, les ennuis commencent avec le van : consommation astronomique,
problème de démarrage. On se dit qu'il faut prendre le coup, qu'on va s'y faire. Mais non, c'est de pire en pire. Au bout d'une semaine, il ne démarre quasiment plus. On l'amène au garage, et le verdict est sans appel : moteur quasi HS, plus cher de réparations que le prix auquel on l'a acheté. Le coup de massue. On fait faire un second diagnostique par un autre garage,mêmes conclusions.
Dur, très dur. On pleure, on se révolte, puis on fait à nouveau une croix
sur un projet et on en refait un nouveau. Pas assez d'argent pour réparer le van ou en racheter un, mais hors de question de faire une croix sur ce pays qui nous plait tant et sur nos projets de volontariat. On ramasse notre moral par terre, on vide le van que l'on venait tout juste de remplir et d'aménager à notre goût et on l'amène à la casse. On l'avait acheté 4000€, on en tire 300. Avec ça, on se paye un bon resto, une tente, 2 matelas, on se relève et on repart.
Je ne vais pas te faire tout le détail du voyage, ça serait sans fin, mais en louant des vieilles
voitures via des offres pas chères, en utilisant les transports en commun, on a pu traverser le
pays de long en large et en travers. On a vu des fjords, des cascades, des couchés et levés de soleil par dizaines, grimpé des montagnes, s'est perdus dans des forêts tropicales, fait du
kayak dans des baies de mer turquoise, baignés sur des plages qui n'avaient rien à envié à la
Thaïlande, gravi un volcan en éruption, vu des phoques, des pingouins, des perroquets des
montagnes et des dizaines d'animaux étranges, échappé à 1 jour près à une attaque de requin blanc, dormis 100 nuits sous la tente dans des endroits incroyables... Et mille autres choses encore.
Mais le plus important ont été les gens. Car finalement, le fait d'avoir perdu le van nous a imposé de faire plus de volontariat. Nous avons fait de la peinture, du jardinage, taillé des
vignes, coupé du bois, cuisiné, ramassé des olives, et, mon préféré, travaillé dans une ferme
de moutons. Certaines expériences nous ont particulièrement marquées :
La première, notre couple de retraités viticulteurs Alf et Louise, à Queenstown, l'une des plus belles régions du pays. Des anciens agriculteurs 75 ans et plus de 50 ans de vie commune.
Notre première expérience, et quelle expérience. J'ai rencontré les grands parents que j'aurais aimé avoir et que je n'ai jamais eu, ils nous ont ouverts leur porte et leurs bras, parlé de leur vie passionnante. J'ai taillé les vignes avec lui, dans un cadre magnifique, pendant qu'Emilie apprenait la cuisine et jardinait avec elle. Le soir on buvait du vin et on mangeait ensemble en se racontant nos vies. On devait rester 6 jours, on est y restés 15. On les a quittés le cœur gros le 24 décembre au matin, ils nous ont dit au revoir en nous offrant un cadeau de Noël. J'ai ressenti à ce moment-là tout l'amour et la sincérité de ces gens, et je me suis aperçu du bien-être, de la sérénité et de la sécurité que cela m'apportait. Elle était là ma reconnexion avec les gens.
Après notre premier volontariat, nous n'avions plus aucun plan. Où aller et que faire? On
décide de quitter l'île du sud, de prendre un avion pour Wellington, la capitale et y passer 10
jours pour le réveillon. Pourquoi? Comme ça, on le sent bien. On essaye aussi de trouver du
volontariat dans la région au Nord de Wellington car elle est bien desservie en transport en
communs, ce qui est très rare dans le pays. Nous ne nous serions jamais arrêtés dans cette
région avec le van, car elle n'a aucun intérêt touristique, elle est très rurale et peu ouverte (à
première vue). Nous y passerons la moitié de notre voyage.
Nos recevons donc 3 réponses positives : une jeune famille avec une ferme à moutons, un
couple avec un B&B, et un couple de gays américains avec une oliveraie. Parfait, ça nous fait
1 mois de booké.
Notre seconde expérience a été chez la jeune famille : Aoife, irlandaise expatriée, Lyndon,
son mari néo-zélandais, leurs 2 filles de 2 et 4 ans et leurs chiens, chats, poules, cheval,
moutons, vaches et j'en oublie sûrement. L'expérience la plus incroyable de notre voyage.
C'était un peu la petite maison dans la prairie, très écolos, on mangeait les délicieux légumes du jardin, les moutons de la ferme. On jouait avec les filles, discutait toute la soirée avec les parents, on se sentait chez nous. J'ai beaucoup travaillé à la ferme, avec les moutons, et j'ai adoré ça, les pieds dans la boue et la bouse et les mains dans la laine. Comme d'habitude avec les néo-zélandais, la confiance qu'ils nous ont montré était incroyable. Lyndon m'a laissé seul regrouper le troupeau, les compter, les marquer et leur donner leurs traitement. Cela m'a tellement fait chaud au cœur, et j'ai été fier de ce travail, j'avais l'impression de faire quelque chose de vrai, d'utile.
Elle était là ma reconnexion avec la terre.
A nouveau, on devait rester une semaine et on est restés 10 jours. On les a quittés, les larmes aux yeux, avec la promesse de se revoir. On avait gagné des amis.
Troisième expérience, le couple du B&B. Cette fois, nous devions rester 15 jours. Nous
sommes partis au bout de 24h... L'angoisse totale, des gens étranges, qui avaient je pense plus besoin de poupées de cire que de volontaires. Nous n'avons pas le droit de sortir, nous étions là pour les divertir je pense. Comme pour l'Asie, je ne vais pas épiloguer mais c'est une mauvaise expérience qui a eu au final du bon. Car Aoife, notre précédente hôte, nous a
proposé de revenir chez eux pour fuir les fous, ce que nous avons fait. Nous avons repassé une semaine chez eux.
Le jour de les quitter, ils nous ont fait une proposition à laquelle nous ne
nous attendions pas : si l'on voulait, à la fin de notre voyage, ils pouvaient nous héberger le
temps que l'on voudrait et, contre notre participation à la vie de famille, Lyndon pouvait nous embaucher dans son usine de viande pour que l'on gagne un peu d'argent. A suivre...
On les quitte cette fois pour la 4ème expérience que je raconterai ici : le couple
américains, CJ et Jared. A nouveau des gens incroyables, avec un histoire incroyable, qui
vivaient dans un endroit magnifique. Tous deux avec une histoire familiale assez lourde, et un
rejet par leur parent du fait de leur homosexualité, ils ont quitté les USA pour vivre au Japon,
pendant 10 ans, puis en Nouvelle-Zélande depuis 10 ans. Ils nous ont intégré à leur vie, invité chez leurs amis, nous avons rit, échangés, parlé de la vie, de nos vie. Leur attitude positive et leur force nous ont beaucoup apporté, et j'en tire toujours aujourd'hui des enseignements.
Jared écrivait un livre, qui aura son importance par la suite.
Encore une fois, nous sommes restés plus longtemps que prévu, et les avons quittés les larmes aux yeux en se serrant dans les bras, avec la promesse de se revoir.
Un mois plus tard, alors que nous étions en train de camper au milieu de nulle part, Lyndon
nous appelle. Il a une idée : utiliser les compétences de réalisation et de montage vidéo
d'Emilie pour un projet. Il souhaiterait faire un film promotionnel pour sa boîte ainsi une des
vidéos de formation pour les nouveaux employés. Ce n'est pas très glamour puisqu'il s'agit
d'un abattoir. On réfléchit 48 heures. On teste le logiciel de montage sur mon PC portable,
avec mon matériel photo et mes connaissances en photo et en cadrage, on dit banco. C'est une chance inattendue pour le CV d'Emilie.
Voilà comment nous avons passé 6 semaines chez Aoife et Lyndon. On a filmé 2 semaines,
une expérience assez marquante : au milieu des carcasses, des viscères, de l'odeur de la mort, avec du sang qui gicle sur mon appareil photo... Puis Emilie a fait du montage à la maison, et j'ai bossé à l'abattoir. Toujours avec les moutons, mais dans la face caché du processus, puisque j'ai travaillé comme assistant de celui qui tue les bêtes par électrocution. Au début j'ai eu du mal, je n'en ai pas dormi la première nuit. Puis j'y ai trouvé un intérêt, j'étais au milieu des moutons, ce que j'adorais, alors j'essayais d'en prendre soin, de faire en sorte que leurs derniers moments ne soient pas (trop) stressants, sûrement pour me déculpabiliser.
Nos liens avec toute la famille se sont encore renforcés, une vrai relation d'amitié est née.
Nous avons même été les premiers à savoir qu'ils attendaient un enfant! Ces gens dont nous
ne connaissions même pas l'existence quelques mois plus tôt, et que nous n'aurions jamais
rencontré si tout s'était passé comme prévu.
Nous nous sommes à nouveau quittés, avec le sourire cette fois, car nous savions que l'on
resterait en contact et que l'on se reverrait un jour.
Petit à petit, l'envie de retrouver un chez nous avait fait son apparition, l'envie d'avoir un
travail, une vie plus "normale", et la vie en ville commençait à nous manquer. Nous avons
commencé à comprendre l'un des grands enseignements du voyage : si cette vie que nous
avons quitté nous insupportait tant, ce n'était pas tant à cause de tout ce qui la caractérisait,
mais à cause de ce que nous en faisions. Nous avions tout ce dont nous avions besoin, mais
nous ne savions plus le voir. En définitive, c'est à nous de construire notre propre bonheur, il
ne faut pas attendre qu'il vienne de ce qui nous entoure comme par magie.
Nous avons donc décidé de rentrer fin mai, en passant quelques jour chez CJ et Jared, le
couple d'américains. En les retrouvant, nous leur avons raconté nos aventures et, en apprenant que nous avions réalisé des vidéos il bondit : "j'ai un projet pour vous!". Incroyable! Il souhaitait faire réaliser un book trailer, sorte de bande annonce pour son livre. Il n'était pas content du tout de ce que lui proposait sa maison d'édition, alors nous a proposé de le réaliser, avec un défi de taille : 4 jours pour proposer un scénario et filmer sur leur propriété. Encore une opportunité incroyable pour Emilie, car Jared était publié chez une des plus grosses maisons d'édition anglo-saxonnes, ce qui fait une très bonne référence.
On a pris beaucoup de plaisir à le faire.
J'ai beaucoup lu les livres de James Redfield pendant ce voyage, et beaucoup de choses qui
me sont arrivés ont fait échos aux révélations de La Prophétie des Andes.
Vivre chez des inconnus est quelque chose d'unique, il n'y a pas de meilleur moyen pour
connaître les gens que de vivre avec eux. Mais c'est dur, et pour moi c'est un vrai défi. J'aime
mon cocon, j'aime être seul. Alors il a fallu travailler, sans arrêt, pour ne pas sombrer dans la
facilité qui consiste à subir la situation où à fuir. Mais les gens là-bas sont incroyables. Les
personnes chez qui nous avons vécu nous ont tous intégré à leur vie quotidienne comme s'ils nous connaissaient depuis longtemps, nous ont fait confiance jusqu'à nous laisser leur maison alors qu'ils étaient absents dès le jour de notre rencontre.
Petit à petit j'ai ressenti que cela me faisait du bien, que cet échange était source d'amour, source de vie. J'ai serré dans mes bras des gens que je connaissait depuis une semaine, pleuré en les quittant, me suis livré à eux comme ils se sont livrés à moi. Bref je n'ai pas de mots pour décrire ces relations, car tu dois le savoir mieux que moi, ces choses-là ne se décrivent pas, elles se vivent.
Si nous n'étions pas rentrés prématurément d'Asie, si nous n'avions pas perdu notre van à
notre arrivée en Nouvelle-Zélande, jamais nous ne nous serions arrêté dans cette région où
nous avons passé la moitié de notre voyage, jamais nous n'aurions rencontré des gens qui sont aujourd'hui nos amis, jamais Emilie n'aurait pu faire ses projets vidéo. Et, qui sait, peut-être que jamais je n'aurais trouvé ce que j'étais venu chercher en partant.
Car tiens, finalement, me reconnecter avec les gens et avec la terre, n'était-ce pas un des
objectifs de mon voyage initial? Des situations tristes et négatives m'auraient-elles finalement amené du positif et du bonheur? Et si tout cela n'était finalement pas une coïncidence?
J'ai commencé à prendre conscience de ce schéma qui s'est répété tout au long du voyage et, en y réfléchissant je me suis rendu compte que c'était le schéma qui s'était répété tout au long
de ma vie : du négatif naît le positif. C'est LA réponse à beaucoup de questions de ma vie, et je pense que c'est cette réponse-là que j'étais venu cherché initialement en partant. C'est
aujourd'hui mon arme quotidienne et imparable contre tout les coups durs de ma vie : rien ne peut être négatif, rien ne peut aller mal, puisque il en ressortira toujours du positif et du
mieux. Et cet enseignement sera renforcé par la suite de l'aventure.
Mais j'ai trouvé beaucoup d'autres réponses et notamment l'une des choses les plus
importantes dans ma vie : la maison. Le sentiment d'insécurité de ne pas avoir de maison ne
m'a jamais quitté tout au long du voyage. Il était très dur pour moi de ne pas avoir de refuge, je me sentais comme vulnérable. J'ai beaucoup combattu ce sentiment, j'ai pu vivre avec, mais jamais le faire disparaître. Je me suis rendu compte que finalement, ce que je pensais être une des causes de mon raz-le-bol qui m'a fait partir, était en fait l'une des choses les plus vitales pour moi.
Nous sommes donc rentrés fin mai. Retour chez ma mère, dans la maison de mon enfance. Je remercie ma mère de nous avoir ouvert ses bras et sa porte, mais cela a été une période assez difficile.
Au moment où tous mes amis achètent leur logement et ont leur premier enfant, je
suis sans emploi, chez maman... Les journées sont fades, il ne se passe plus rien, plus de
rencontres, plus de découverte, plus rien. On travaille 1 mois à la piscine municipale pour
gagner un peu d'argent, à nettoyer les vestiaires.
Dur psychologiquement. C'est d'autant plus difficile que c'était mon job d'été lorsque j'avais 16 ans, j'avais donc un sérieux sentiment de
régression.
Mais pendant ce temps-là j'ai recherché sans cesse du travail, c'était limite obsessionnel. J'ai
répondu à plusieurs offres et n'ai reçu que des réponses négatives. Fin juillet, l'annonce
parfaite apparaît, un poste à responsabilités dans une petite entreprise de 30 personne, à Paris.
Je postule, j'ai un entretien le 13 août qui se passe parfaitement bien. Le patron doit voir
d'autres candidats et me donnera une réponse mi-septembre. Il me rappelle 3 jours plus tard.
Je commence le 22.
Quelques semaines plus tôt, une amie d'Emilie qui possède un petit appartement dans Paris lui avait dit qu'elle souhaitait le louer. Coïncidence? Quand on connait la galère du logement à
Paris, c'est une chance!
Voilà comment nous nous sommes installés à Paris. Emilie a trouvé un travail dans la plus
grosse société de postproduction vidéo de Paris, sans doute aidée par ses expériences en
Nouvelle-Zélande. J'adore cette vie à Paris, j'y trouve tout ce dont j'ai besoin, des découvertes
chaque jour, des rencontres, des sorties, de la culture. Et j'ai une maison, un refuge, ce que je sais maintenant apprécier à chaque instant.
Je ne trouve pas cette vie stressante comme tout le monde le dis, car je sais prendre du recul et je sais que c'est moi qui crée le stress ou pas. Je ne pense plus que mon environnement influe sur moi et mon moral, mais que c'est moi qui influe sur mon environnement.
Je fais du sport, et les enseignements de Don Miguel et James Redfield m'aident
quotidiennement. J'essaye de m'améliorer chaque jour, tout en faisant de mon mieux. La
colère est toujours là, elle fait partie de moi, mais je la connais maintenant, j'essaye de
l'apprivoiser. Je fais en sorte d'être toujours positif et de relativiser ce qui m'arrive parfois. Je
voudrais te remercier pour tout cela, car tu y es pour beaucoup. Et comme tu me l'as dit au
début, lorsque j'avais peur de me perdre et de devenir quelqu'un d'autre en entamant ce
processus il y a maintenant 2 ans, je suis toujours moi-même, et j'ai même l'impression d'être bien plus moi-même qu'auparavant!
Je ne regrette rien, même si cela n'a pas toujours été facile, j'ai beaucoup appris, j'en ressors
grandi et j'ai gagné beaucoup.
Un jour tu m'as dit que ma vie ressemblait à un chemin initiatique, je crois que c'était bien
résumé...
Voilà, merci si tu as tenu jusqu'au bout, promis j'ai essayé de faire le plus court possible, mais
une année pareille, c'est difficile à résumer!
J'ai vu dans un de tes mails que tu avais eu la chance de rencontrer Don Miguel, cela a du être un moment incroyable! Juste avant que je parte tu m'avais dit essayer de le faire venir, je suppose que tu as donc réussi.
A bientôt j'espère. Merci encore mille fois pour la voie que tu as ouverte !
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